Une marque née d’un terrain mythique
Pigalle Basketball ne vient pas d’un bureau de création, mais d’un quartier. Plus précisément d’un playground enclavé entre des immeubles parisiens, à deux pas du métro Anvers. Derrière ce nom, un homme : Stéphane Ashpool. Né d’une mère danseuse et d’un père musicien, il grandit entre les influences culturelles et les lignes de streetball. En 2009, il lance Pigalle Paris, une marque de mode qui claque autant que les sneakers sur l’asphalte. Le projet prend un virage unique : lier la mode, l’art et le basket, sans jamais renier ses racines.

Le terrain qui a retourné Instagram

Difficile d’évoquer Pigalle Basketball sans parler de son terrain. Conçu en collaboration avec Ill-Studio et Nike, ce terrain multicolore au design presque surréaliste devient une icône virale. Bleu ciel, rose pâle, dégradés de violet : un terrain de basket comme une œuvre d’art. Les publications affluent, les influenceurs défilent, mais derrière l’esthétique, l’engagement reste fort : offrir un espace aux jeunes du quartier, gratuitement, sans condition. Une vitrine mondiale pour un quartier longtemps ignoré.
Du bitume à la fashion week

En quelques années, Pigalle glisse du playground aux podiums. La marque multiplie les collaborations, souvent inattendues. Nike, évidemment, avec plusieurs versions de la Air Force 1, des tracksuits ou des shorts qui transpirent la culture urbaine. Mais aussi Missoni, Converse ou même des clubs sportifs comme le Paris Basketball. Chaque capsule reste fidèle à une idée : le basket comme langage universel, la rue comme salle d’exposition. Loin du bling, chaque pièce sent la peinture du playground et les cris des matchs improvisés.
Un label social avant d’être une marque

Pigalle ne se contente pas de produire des vêtements. Le projet prend une tournure communautaire. Ashpool crée le Pigalle Basketball Club, une initiative pour encadrer les jeunes du quartier, leur apprendre le sport, la discipline, l’entraide. Des entraînements sont proposés, mais aussi des événements culturels, des performances, des voyages. Le basket devient un prétexte pour ouvrir des perspectives. Certains jeunes traversent l’Atlantique pour jouer ou étudier. Le style devient outil, la mode un levier.
Le coup d’éclat olympique
En 2021, Stéphane Ashpool est nommé directeur artistique des tenues olympiques de l’équipe de France. Loin des codes classiques, il impose une vision colorée, inclusive, inspirée du terrain de Pigalle et du métissage culturel. Un geste fort, qui propulse encore plus sa marque comme symbole de la créativité urbaine française. Les Jeux Olympiques 2024 marquent l’apogée d’un projet né dans une ruelle de la capitale.
Des valeurs au rebond fort
Pigalle Basketball s’inscrit dans un mouvement plus large : celui de la street culture consciente. Pas de produits de masse, mais des pièces pensées, ancrées dans un discours. La marque refuse le marketing traditionnel, préfère les rencontres aux influenceurs, les playgrounds aux tapis rouges. Ce positionnement attire une génération en quête de sincérité. En parallèle, Ashpool forme de jeunes créateurs, pousse l’émergence de nouvelles voix. Une logique d’héritage, qui dépasse le simple vêtement.
Une aura planétaire sans franchise
Pigalle Basketball ne se trouve pas partout. C’est volontaire. Une seule boutique physique, dans le 9e arrondissement de Paris. Le reste se passe en ligne, ou lors d’événements ponctuels. Une stratégie à contre-courant, qui renforce l’aura d’authenticité et de rareté. Certains produits deviennent introuvables. Les rééditions sont attendues comme des mixtapes. Pourtant, pas de stratégie d’hype. Le tempo reste celui de la rue, pas celui des algorithmes.
L’héritage d’un quartier en mouvement
Pigalle a changé. Le quartier aussi. Gentrification, boutiques de luxe, touristes en file. Pourtant, le terrain reste là, fidèle à ses couleurs. Tous les jours, des matchs improvisés, des enfants qui shootent, des parents qui regardent. L’esprit du début résiste. Pigalle Basketball continue d’exister, non pas comme une tendance, mais comme un ancrage vivant dans un Paris mouvant. Le bitume garde la mémoire de ceux qui y ont couru.